• ORIENTATIONS FUTURES

Au moment où les décideurs politiques, les défenseurs et les responsables de la mise en œuvre des programmes envisagent l’avenir des programmes de planification familiale en Afrique subsaharienne, notre analyse identifie de nouvelles opportunités qui émergent pour conduire des programmes équitables, fondés sur des données et centrés sur le client jusqu’en 2030 et au-delà.


Mettre en évidence les liens entre la planification familiale et le développement inclusif afin d’impliquer les décideurs politiques multisectoriels dans le processus d’engagement du FP2030. Il est essentiel de veiller à ce que les femmes des ménages à faibles ressources restent une priorité dans les engagements en matière de planification familiale au cours de la prochaine décennie. Dans le cadre du partenariat FP2030, les gouvernements sont invités à élaborer des énoncés de vision en matière d’engagement qui articulent clairement leurs ambitions de haut niveau en matière de planification familiale d’ici 2030 (ou un calendrier propre à chaque pays). L’engagement des acteurs politiques à travers différents secteurs— notamment les ministères en charge de la planification et du développement, des finances et de l’éducation — dans le processus d’engagement contribuera à garantir que la planification familiale demeure une priorité nationale financée, reconnue comme faisant partie intégrante du développement. Les Conseils nationaux de la population (CNP), qui existent dans toute l’ASS et dont le mandat général est de veiller à ce que la dynamique de la population soit prise en compte dans les objectifs et la planification du développement national, constituent des champions clés de cet effort. Les plateformes régionales qui soutiennent le partage des connaissances entre pays, notamment la plateforme de collaboration régionale récemment lancée par les directeurs exécutifs des CNP des pays participants d’Afrique subsaharienne, renforcent la voix collective et l’impact des CNP dans les programmes politiques au niveau régional et dans leurs propres pays.


Intégrer la planification familiale comme composante clé des stratégies de soins de santé primaires et universels. Pendant que la pression pour intégrer la planification familiale dans les services de soins de santé primaires reste constante, la pandémie de COVID-19 souligne la nécessité d’un plaidoyer politique concerté pour classer la planification familiale comme un service essentiel de soins de santé primaires. Étant donné que les pays font face aux ramifications économiques de la pandémie, la concurrence pour bénéficier des ressources nationales rares risque de s’intensifier. Si les ressources nationales destinées à la planification familiale sont détournées vers d’autres secteurs, les femmes des ménages à faibles revenus risquent d’en subir les coûts de manière disproportionnée. Les défenseurs, les bailleurs de fonds et les responsables de la mise en œuvre pourraient souligner l’impact et la rentabilité de la planification familiale en tant que composante essentielle des programmes de soins de santé primaires et universels, contribuant ainsi à étendre et à protéger l’accès à ces services.


Créer un environnement favorable à l’utilisation permanente des données à l’effet d’orienter la prise de décision en matière de politiques et de programmes de planification familiale. L’analyse des scores des ICNPF dans la Section 2 du présent rapport a souligné le lien entre une forte performance dans la collecte et l’utilisation des données et les progrès des programmes de planification familiale. Une utilisation accrue des données, notamment celles des EDS sur les tendances infranationales, pourrait et devrait orienter les priorités nationales et infranationales en matière de politiques, de financement et de programmes. Une plus grande utilisation des données par les décideurs locaux pourrait s’accélérer grâce à un investissement accru dans les STIM, qui génère des données propres au pays et, souvent, hyper-locales. Cet investissement dans les systèmes et les infrastructures d’information sur la santé devrait inclure la formation des décideurs locaux en matière de politiques et de programmes afin qu’ils puissent continuellement analyser et utiliser les données dans l’optique d’orienter la planification, la mise en œuvre ainsi que le suivi et évaluation des programmes. En outre, les décideurs pourraient tirer parti d’outils et de plateformes numériques éprouvés et émergents qui accélèrent la collecte, le traitement et l’interprétation des données, tels que les registres électroniques numériques favorables au traitement efficace des informations par les prestataires et à des soins plus personnalisés pour les patients. Les programmes devraient intégrer des approches de suivi qui permettent un apprentissage permanent à toutes les étapes de la conception et de la mise en œuvre, permettant aux programmes de réagir rapidement aux nouvelles données probantes. La création et le maintien d’une culture d’utilisation des données aideront les décideurs en matière de planification familiale à s’adapter et à répondre aux priorités locales, et renforceront la résilience des programmes en cas de chocs sur le système de santé.


Tirer parti de la technologie numérique pour généraliser la portée et l’adéquation des programmes. La pandémie de COVID-19 a apporté un nouvel éclairage sur l’opportunité cruciale d’accroître l’impact et l’efficacité des programmes de planification familiale grâce à la technologie numérique. L’intégration durable et évolutive d’interventions numériques en matière de santé renforce également la résilience des programmes face à des défis inattendus. Des outils tels que MACRO-EYES Striata Forecast tirent parti de méthodes d’intelligence artificielle et de sources de données pour établir des prévisions plus précises, et donc plus rentables, en matière d’approvisionnement en contraceptifs et de logistique. D’autres interventions numériques en matière de santé, telles que la plateforme Rocket Health, offrent un espace pratique et privé pour accéder à des informations sur la santé sexuelle et reproductive ainsi qu’à la livraison de produits. Les approches numériques telles que le modèle PartME, qui fonctionne à grande échelle au Ghana, pourraient aider les décideurs à établir ou à renforcer les plateformes de responsabilisation propices au dialogue permanent avec les communautés et les clients, contribuant ainsi à garantir la prise en compte régulière des retours d’information de la communauté dans la prise de décisions liées aux programmes et que les droits et les choix individuels sont respectés dans la mise en œuvre du programme.


Investir dans des approches axées sur le client et mettre en place des systèmes de responsabilisation. Les progrès soutenus des programmes au cours de la prochaine décennie dépendront des investissements qui feront progresser le choix, l’autonomie, la responsabilisation et la qualité des soins en matière de planification familiale. Presque tous les pays ont obtenu de mauvais résultats en ce qui concerne la mise en place de systèmes permettant de signaler régulièrement et en toute sécurité les violations du choix ou le refus de services, ou de plateformes facilitant l’engagement continu et le retour d’informations avec les communautés. La mesure consistant à mettre l’utilisateur des services de planification familiale au centre des programmes est davantage soutenue par des améliorations en matière de conseils détaillés par une plus grande variété d’options de soins (y compris, mais sans s’y limiter, l’auto-administration des soins) et par des progrès en matière de mesure des programmes permettant de saisir le choix et la satisfaction des clients. De la recherche à la mise en œuvre, une plus grande utilisation de la recherche participative communautaire permettra de définir des programmes et des investissements qui répondent mieux aux besoins des clients.


Entre les adaptations réussies pour répondre aux chocs du système de santé et l’actualisation des engagements nationaux, la communauté mondiale de la planification familiale continue d’enregistrer des progrès soutenus à l’horizon 2030. Si la pandémie de COVID-19 a pu freiner certaines avancées récentes, elle a également contraint les décideurs, les responsables de la mise en œuvre, les chercheurs et les médecins généralistes à appréhender l’accès à la planification familiale, les données et les soins de santé autrement et de manière innovante. L’investissement dans des systèmes robustes de collecte et d’utilisation des données, dans des plateformes de dialogue permanent entre les communautés et les décideurs, dans l’adoption de solutions numériques éprouvées générant des gains en termes d’efficacité programmatique et dans une collaboration intersectorielle stratégique renforcera la résilience du programme face aux chocs et soutiendra une prestation de services de planification familiale plus adaptée aux clients, garantissant ainsi la pérennité des progrès dans les décennies à venir.