Depuis 2010, le Bureau de l’USAID pour l’Afrique a examiné, à intervalles réguliers de cinq ans, les progrès des programmes de planification familiale dans les pays prioritaires de l’USAID en ASS. La section 2 de notre rapport met à jour l’analyse de 2016 Favoriser la croissance économique, l’équité et la résilience en Afrique subsaharienne : Le rôle de la planification familiale, avec un accent permanent sur les 22 pays prioritaires de l’USAID de la région, qui représentent environ les trois quarts de la population de l’ASS.


Depuis que le Bureau de l’Afrique a entrepris des bilans réguliers des programmes à partir de 2010, le paysage mondial de la mesure a considérablement changé. Les approches de mesure qui, par le passé, se concentraient exclusivement sur les indicateurs de progrès au niveau de la population — tels que les « nouvelles utilisatrices de planification familiale » et le taux de prévalence contraceptive moderne (TPCm) — connaissent actuellement une refonte, avec un plus grand accent sur les mesures de progrès des programmes plus axées sur la personne, qui donnent la priorité à la satisfaction, au choix et à l’autonomie des clients. Jusqu’à ce que de tels paramètres soient systématiquement intégrés aux efforts de collecte de données représentatives au niveau national, le TPCm reste le principal point de référence des progrès du programme dans nombre de pays.


L’analyse de la section 2 retient la mesure augmentation annuelle moyenne en points de pourcentage du TPCm entre les deux dernières enquêtes, utilisée dans les rapports 2010 et 2016. Pour témoigner des changements radicaux survenus dans le paysage de la planification familiale en ASS au cours de la dernière décennie, nous examinons les progrès du programme dans le cadre des positions des pays sur la Courbe en S allant d’un TPCm faible à un TPCm élevé. Cette section soutient également les responsables de la planification familiale et les parties prenantes dans leurs efforts visant à améliorer les programmes nationaux de planification familiale en analysant les résultats de l’Indice composite national de la planification familiale(NCIFP) dans le cadre des engagements nationaux pris envers le partenariat FP2020. Enfin, nous considérons la pandémie de COVID-19 comme un élément perturbateur potentiel des progrès des programmes de planification familiale.

L’utilisation des contraceptifs modernes continue d’augmenter considérablement dans toute l’Afrique subsaharienne.

Les pays sont classés en quatre catégories de progrès en fonction de l’augmentation annuelle moyenne en points de pourcentage du TPCm entre les deux dernières enquêtes démographiques et de santé (EDS) :

  1. Progrès rapides (augmentation annuelle du TPCm de plus de 2 points de pourcentage et/ou TPCm ≥ 40 %) : Mozambique, Malawi, Kenya, Rwanda, Madagascar, Éthiopie, Zambie.
  2. Progrès encourageants (augmentation annuelle du TPCm de plus de 1 point et ≤ 2 points de pourcentage) : Ouganda, Mali, Niger, Sénégala, Guinée.
  3. Progrès lents (augmentation annuelle du TPCm ≥ 0,5 et ≤ 1,0 point de pourcentage) : Ghana, Burkina Faso, Tanzanie, Bénin, Libéria, Togo.
  4. Peu ou pas de progrès (augmentation annuelle du TPCm < 0,5 point de pourcentage) : Nigeria, Côte d’Ivoire, République démocratique du Congo (RDC).
  5. Pas de données EDS : Soudan du Sud.

Tableau 1. L’augmentation annuelle moyenne en points de pourcentage du taux de prévalence contraceptive moderne (TPCm) dans certains pays d’Afrique subsaharienne montre que plus de la moitié des pays se situent dans les catégories des progrès encourageants et rapides.

Progrès rapides (augmentation annuelle >2 points de pourcentage et/ou TPCm ≥ 40 %)
Mozambique 2011-2015 3.5
Malawi 2010-2015/16 2.9
Kenya 2008/09-2014 2.5
Rwanda 2015-2019/20 2.4
Madagascar 2004-2008/09 2.2
Ethiopie 2016-2019 1.7
Zambie 2013/14-2018 0.7
Progrès encourageants (augmentation annuelle de 1 à 2 points de pourcentage)
Ouganda 2011-2016 1.8
Mali 2012/13-2018 1.3
Niger 2006-2012 1.2
Senegal 2014-2019 1.0
Guinea 2012-2018 1.0
Progrès lents (augmentation annuelle de 0,5 à 1 point de pourcentage)
Ghana 2008-2014 0.9
Burkina Faso 2003-2010 0.9
Tanzania 2010-2015/16 0.8
Benin 2012-2017/18 0.8
Liberia 2013-2019/20 0.7
Togo 1998-2013 0.6
Pas de progrès (augmentation annuelle de 0-0,4 point de pourcentage)
Nigeria 2013-2018 0.4
Côte d'Ivoire 1999-2011/12 0.4
DRC 2007-2013/14 0.3

Remarques : Les pays dont le TPCm est supérieur ou égal à 40 % sont l'Ethiopie, le Kenya, le Malawi, le Rwanda et la Zambie. Le Sénégal est le seul pays qui met en œuvre une EDS continue. Pour une comparaison cohérente, nous évaluons la période de 5 ans entre l’EDS de 2014 et l’EDS continue la plus récente de 2019. Les pays en italique n’ont pas de nouvelle enquête depuis le rapport 2016.

Source : Les enquêtes démographiques et de santé.


Plus de la moitié des pays prioritaires de l’USAID en Afrique subsaharienne réalisent des augmentations annuelles du TPCm d’au moins un point de pourcentage par an ou maintiennent un TPCm total supérieur à 40 %.

Depuis le rapport 2016, le Mozambique est entré dans la catégorie des progrès rapides et l’Éthiopie a atteint un TPCm de plus de 40 % (40,5 %). Le Mali et la Guinée ont accéléré la croissance de leur TPCm, passant respectivement des catégories Lent et Pas de progrès à la catégorie Progrès encourageants. Le Bénin est passé de la catégorie « Pas de progrès » à la catégorie « Progrès lents ».


En revanche, le rythme de croissance du TPCm a ralenti au Sénégal et au Libéria. Le Nigéria reste dans la catégorie « Pas de progrès ».


Plus précisément, 10 pays n’ont pas mené ou publié de nouvelle EDS depuis le rapport de 2016. L’absence de nouvelles enquêtes est en partie due à la pandémie de COVID-19, qui a entravé la collecte de données dans toute la région, les pays s’efforçant d’atténuer les risques sanitaires et sécuritaires liés à l’envoi d’agents recenseurs dans les communautés locales. Pour certains pays, dont le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, Madagascar et le Niger, les données datent maintenant de plus de dix ans.

Les tendances de la prévalence contraceptive, à la fois chez les femmes mariées et chez toutes les femmes, sont présentées dans la Figure 1. Dans l’ensemble, le TPCm continue d’augmenter en ASS :


  • Seul un pays (la RDC) présente un TPCm inférieur à 10 % (la RDC n’a pas publié de nouvelle EDS depuis 2013-2014).
  • Douze pays ont un TPCm supérieur à 20 %, contre huit lors du dernier bilan.
  • Sept pays ont des TPCm de plus de 30 %, contre cinq lors du dernier bilan.
  • Cinq pays ont des TPCm supérieurs à 40 %, contre quatre lors du dernier bilan.
  • Trois pays ont des TPCm supérieurs à 50 %.

Figure 1. TPCm chez les femmes mariées et chez toutes les femmes sur la base de l’enquête la plus récente, selon le TPCm global




Source : Les enquêtes démographiques et de santé.

La plupart des pays prioritaires de l’USAID en ASS ont atteint un stade où des augmentations rapides du TPCm sont possibles par des investissements adéquats.

Depuis 2010, le paysage des programmes de planification familiale en ASS a radicalement changé. Dans le contexte de ce changement, l’indicateur augmentation annuelle moyenne en points de pourcentage du TPCm pourrait masquer d’importantes variations de croissance dans différents environnements programmatiques.


Les données historiques basées sur les analyses des tendances de la planification familiale chez les femmes mariées révèlent que le TPCm croît généralement selon un modèle en forme de S, sous le nom de courbe en S de la planification familiale. La courbe en S se caractérise par une croissance lente et une faible variation annuelle lorsque le TPCm est faible (étape 1) ; une opportunité de croissance rapide pendant la transition d’un TPCm faible à un TPCm élevé (étape 2) ; et une croissance lente lorsque le TPCm atteint des niveaux élevés dans une population (étape 3). Certes tous les pays suivent ce schéma général, cependant la durée et la vitesse de croissance du TPCm à chaque étape (et, par conséquent, la forme spécifique de la courbe d’un pays) varient.4 Comprendre la position des pays sur la courbe en S pourrait orienter les priorités du programme et aider les décideurs à fixer des objectifs ambitieux mais réalisables. Dans le présent rapport, nous utilisons la catégorisation de la courbe en S pour examiner d’autres aspects de la performance des programmes en plus de l’adoption de la planification familiale.


Lorsque l’USAID a lancé le premier bilan du programme de planification familiale en 2010, seuls 10 pays prioritaires se trouvaient à l’étape 2.b Au moment de la présente mise à jour, 16 pays sont rendus à l’étape 2, et deux pays — le Kenya et le Malawi — sont passés à l’étape 3. La Figure 2 montre la courbe en S pour chaque pays en utilisant des estimations jusqu’à l’année de leur enquête la plus récente. Les projections sont représentées par les lignes en pointillés.

Figure 2. Illustration de la courbe en S de la planification familiale pour les pays prioritaires de l’USAID en Afrique sub-saharienne, de 1970 à 2020 et projections jusqu’en 2030

Explorez les données de la Figure 2 ci-dessous en sélectionnant un pays pour voir la croissance annuelle du TPCm. Sélectionnez "Pays de l’étape 2 à croissance rapide" pour mettre en évidence les pays atteignant des taux de croissance annuels moyens de TPCm de 1,5 point de pourcentage ou plus. Sélectionnez "Voir les pays avec des projections jusqu'en 2030" pour explorer les trajectoires potentielles de croissance du TPCm au cours de la prochaine décennie selon trois scénarios, en tenant compte des tendances historiques. La ligne du milieu représente la tendance la plus probable à atteindre, en l'absence de changements radicaux. Les lignes la plus haute et la plus basse représentent l’intervalle de ce qui peut être atteint selon le niveau d’effort fourni.


Remarque: Les données postérieures à 2020 représentent des projections utilisant les données d’enquête disponibles.

Sources: Les données jusqu’en 2019 sont basées sur les données d’enquête disponibles. Les données pour la période 2020-2030 proviennent de l’Outil d’estimation de la planification familiale de Track20.


Un large éventail de modèles de croissance apparaît clairement parmi les pays de l’étape 2. Des pays tels que l’Éthiopie et la Zambie ont connu des croissances rapides du TPCM au cours de la dernière décennie, mais il est possible que le taux de croissance ralentisse à l’approche de l’étape 3. Ces pays devront peut-être évaluer les priorités du programme en fonction de leur contexte, notamment en s’attaquant aux obstacles à la continuité contraceptive chez les utilisatrices actuelles, en appliquant une plus grande personnalisation dans les approches d’offre de services et en augmentant les investissements en faveur des services aux communautés difficiles d’accès où la demande de planification familiale n’a pas encore été satisfaite.


Les pays qui se situent au bas de l’étape 2, comme le Mali et le Niger, n’ont pas encore exploité le potentiel de croissance rapide du TPCm mais disposent d’une importante fenêtre d’opportunités pour le faire. L’accélération des progrès dans ces pays commence souvent par des initiatives de sensibilisation visant à susciter un soutien politique de haut niveau. Tous les pays ayant enregistré des croissances rapides du TPCm au cours de l’étape 2 ont réalisé des investissements substantiels dans la distribution basée dans la communauté des produits de planification familiale. Atteindre l’étape 2 de la courbe en S ne garantit pas une croissance rapide. Le rythme de la croissance dépend des approches politiques et programmatiques fondées sur les données qui répondent de manière stratégique et efficace à la demande croissante de planification familiale. Les fluctuations de la croissance du TPCm le long de la courbe de chaque pays soulignent l’importance d’un suivi continu des programmes afin d’identifier les périodes de croissance rapide, lente ou stagnante, et d’adapter les interventions en conséquence.


Pour une meilleure compréhension des différentes trajectoires de croissance que les pays pourraient atteindre pendant l’étape 2, nous pouvons passer en revue les exemples de l’Éthiopie et de la Tanzanie.

Figure 3. Courbe en S de la planification familiale en Éthiopie

L'Éthiopie représente le prototype d’un pays qui a réussi à maintenir une croissance rapide du TPCm pendant l’étape 2. Lorsque l’Éthiopie a quitté l’étape 1, les augmentations du TPCm ont suivi une courbe nettement ascendante. Cette forte hausse traduit l’efficience et l’efficacité d’un programme face à la demande croissante de planification familiale. Les investissements importants de l’Éthiopie dans la distribution basée dans la communauté des produits de planification familiale ont probablement été une contribution majeure à la croissance rapide et soutenue tout au long de l’étape 2. Au moment où l’Éthiopie se rapproche de l’étape 3, un investissement plus important dans la qualité des soins et la supervision de soutien des prestataires pourrait contribuer à améliorer la satisfaction des clients vis-à-vis des services de planification familiale.

Figure 4. Courbe en S de la planification familiale en Tanzanie

La Tanzanie est un exemple d’une croissance plus lente du TPCm au fil du temps. Ce pays est passé à l’étape 2 vers 1998, soit près d’une décennie avant l’Éthiopie. Après une brève période de croissance rapide, il a maintenu une tendance plus linéaire du TPCm, avec une courbe plus plate comparée à la croissance exponentielle de l’Éthiopie. Malgré des idéaux de fécondité moyens similaires, la demande de planification familiale satisfaite par des méthodes contraceptives modernes est plus faible en Tanzanie (53 %) qu’en Éthiopie (61 %).


Chaque étape de la courbe en S a des implications différentes pour l’identification des priorités et la fixation des objectifs des programmes de planification familiale. À l’étape 1, les pays pourraient constater les meilleurs retours sur investissement pour les interventions qui traitent des normes sociales relatives au recours à la planification familiale. Comme il est peu probable d’observer des variations majeures du TPCm au cours de cette période, les indicateurs mesurant les variations de la demande et de l’accès à la planification familiale sont importants. Au cours de l’étape 3, les décideurs pourraient juger important de mesurer l’augmentation du TPCm en tant qu’indicateur clé du programme alors qu’ils surveillent leur performance pour répondre rapidement à la demande croissante, et ils devraient compléter cet indicateur avec des mesures de programmes plus axées sur la personne discutées tout au long de ce rapport. Au cours de l’étape 3, les objectifs et les stratégies de mesure pourraient changer afin de donner la priorité aux indicateurs d’équité et aux engagements financiers du gouvernement car les pays, à cette étape, s’efforcent d’atteindre la durabilité à long terme et l’équité entre les différents sous-groupes.


L’accélération des progrès des programmes de planification familiale et le renforcement de leur adéquation aux priorités communautaires nécessitent une plus grande disponibilité et une meilleure utilisation des données pour la prise de décision aux niveaux infranationaux.

Les analyses futures de la performance des programmes seront plus utiles si elles sont examinées au niveau de l’unité administrative la plus inférieure pour laquelle des données fiables sont disponibles. Cependant, peu d’enquêtes représentatives au niveau national ont des échantillons suffisamment grands pour permettre des estimations fiables au niveau de l’unité administrative la plus petite (souvent le district, le comté ou la municipalité). Pour remédier à ces limites des données d’enquête, les pays et les donateurs pourraient mobiliser des ressources afin d’augmenter la taille des échantillons des enquêtes, mais cette approche est à la fois longue et coûteuse. Par ailleurs, les analystes pourraient appliquer des approches de modélisation aux données d’enquête actuelles afin de générer des estimations pour de petites unités géographiques. Investir dans ce type de renforcement des compétences des responsables des données des ministères de la Santé et des conseils nationaux de la population augmentera l’utilité des données des EDS pour la prise de décision au niveau infranational.


Les limites des données issues d’enquêtes représentatives au niveau national soulignent également l’urgence d’investir dans de solides systèmes de traitement d’information médicale (STIM). Les données STIM sont générées par les établissements de santé au niveau local, mais les préoccupations concernant la qualité et la cohérence des données tendent à limiter leur utilisation dans la prise de décision. Un investissement plus important dans ces données et leur utilisation permettront d’améliorer la qualité. Des données STIM de haute qualité sont essentielles aux programmes locaux et hautement personnalisés qui seront plus adaptés aux besoins et aux priorités des clients.

La plupart des pays d’Afrique subsaharienne ont enregistré une faible augmentation de l’utilisation des contraceptifs chez les adolescents, mais les possibilités d’élargir l’utilisation dans cette tranche d’âge varient selon les pays.

Le fait de veiller à ce que les jeunes aient accès à des informations et à des services de qualité en matière de santé sexuelle et reproductive, y compris les contraceptifs les aide à atteindre leurs objectifs personnels, professionnels et en matière de reproduction. La communauté mondiale de la planification familiale reconnaît largement que les jeunes ont des besoins et des défis uniques en matière de contraception par rapport aux femmes plus âgées. À ce titre, les pays du monde entier se sont engagés à promouvoir les droits des jeunes aux services de santé sexuelle et reproductive. Cependant, l’opposition généralisée de la communauté à l’activité sexuelle des jeunes non mariés et les attentes de preuve de fertilité peu après le mariage restent des contraintes dans bien de contextes.


Tandis que les initiatives mondiales accordent de plus en plus la priorité aux jeunes, le potentiel d’augmentation de l’utilisation des contraceptifs au sein de ce groupe pourrait être limité dans certains pays. Pour bien mettre en contexte, nous avons examiné le TPCm en fonction de l’âge (en considérant à la fois les adolescents de 15 à 19 ans et les jeunes de 20 à 24 ans), de la situation matrimoniale et de l’activité sexuelle (voir Figure 5). Ces aspects supplémentaires pourraient aider les décideurs à comprendre le potentiel d’adoption continue de contraceptifs au sein de cette population. La situation matrimoniale et l’activité sexuelle des jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans et des adolescents âgés de 15 à 19 ans varient considérablement d’un pays à l’autre, situation qui pourrait traduire les caractéristiques propres à chaque pays concernant l’âge du mariage et les rapports sexuels hors mariage. Ces facteurs influencent le recours à la contraception, en particulier chez les adolescentes de 15 à 19 ans.

Figure 5. Le TPCm ventilé par tranche d’âge (15-19 et 20-24 ans), situation matrimoniale et activité sexuelle récente dans certains pays montre une variation des schémas nationaux

Âgées de 15 à 19 ans et de 20 à 24 ans

Source: Les enquêtes démographiques et de santé. Les données sont tirées des deux enquêtes les plus récentes.


En moyenne, c’est chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans que l’on trouve le TPCm le plus bas. Dans des pays comme l’Éthiopie, le Rwanda et le Sénégal, où plus de 75 % des filles âgées de 15 à 19 ans déclarent n’avoir jamais eu de rapports sexuels, il est à prévoir que les TPCm soient faibles Par comparaison, les pays où plus de la moitié des adolescentes déclarent avoir déjà eu des rapports sexuels — comme la Côte d’Ivoire, le Libéria, le Malawi et le Mozambique — pourraient avoir un besoin plus important de programmes de planification familiale élargis pour répondre aux besoins en matière de santé des adolescentes, d’autant plus que ces pays connaissent généralement des taux élevés de grossesse chez les adolescentes.


Dans neuf pays (Côte d’Ivoire, Guinée, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Mozambique, Niger et Zambie), plus de 25 % de toutes les adolescentes âgées de 15 à 19 ans ont déjà des enfants. Dans la majorité des pays (15), plus de 25 % des adolescentes célibataires et sexuellement actives ont déjà des enfants ; et dans six de ces pays (Côte d’Ivoire, Ghana, Libéria, Mozambique, RDC et Togo), la proportion d’adolescentes qui déclarent être « sexuellement actives et célibataires » est supérieure à 10 %. Tandis que plus de 65 % des adolescentes célibataires et sexuellement actives ont déjà des enfants au Niger et au Sénégal, la proportion d’adolescentes qui déclarent être « sexuellement actives et non mariées » est inférieure à 1 % dans ces deux pays (voir Tableau 2). Ces pays pourraient décider de donner la priorité à des initiatives majeures portant sur l’éducation sexuelle complète, la conscience de son corps, ainsi que l’accès et l’utilisation des contraceptifs chez les jeunes, en particulier chez les adolescentes.

Tableau 2. Pourcentage d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans ayant déjà eu des enfants, par situation matrimoniale et par activité sexuelle

Pays Adolescentes âgées de 15 à 19 ans Célibataire sexuellement active Mariée/en union
Bénin Proportion de la population 11% 19%
Ayant déjà des enfants 14% 84%
Burkina Faso Proportion de la population 5% 32%
Ayant déjà des enfants 15% 67%
Côte d’Ivoire Proportion de la population 19% 21%
Ayant déjà des enfants 26% 86%
Éthiopie Proportion de la population 2% 17%
Ayant déjà des enfants 52%
Ghana Proportion de la population 11% 6%
Ayant déjà des enfants 26% 81%
Guinée Proportion de la population 6% 28%
Ayant déjà des enfants 21% 76%
Kenya Proportion de la population 1% 12%
Ayant déjà des enfants 32% 84%
Liberia Proportion de la population 24% 12%
Ayant déjà des enfants 33% 79%
Madagascar Proportion de la population 7% 34%
Ayant déjà des enfants 38% 69%
Malawi Proportion de la population 6% 24%
Ayant déjà des enfants 33% 83%
Mali Proportion de la population 6% 42%
Ayant déjà des enfants 29% 74%
Mozambique Proportion de la population 13% 37%
Ayant déjà des enfants 30% 73%
Niger Proportion de la population 0.1% 61%
Ayant déjà des enfants 66% 64%
Nigéria Proportion de la population 4% 23%
Ayant déjà des enfants 13% 74%
Ouganda Proportion de la population 5% 20%
Ayant déjà des enfants 32% 83%
RDC Proportion de la population 12% 21%
Ayant déjà des enfants 27% 77%
Rwanda Proportion de la population 1% 2%
Ayant déjà des enfants 34% 87%
Sénégal Proportion de la population 0.2% 21%
Ayant déjà des enfants 66% 58%
Tanzanie Proportion de la population 7% 23%
Ayant déjà des enfants 29% 80%
Togo Proportion de la population 11% 13%
Ayant déjà des enfants 14% 86%
Zambie Proportion de la population 8% 15%
Ayant déjà des enfants 48% 89%

Source: Les enquêtes démographiques et de santé.
* DHS Statcompiler, DHS le plus récent. Toutes les variables n'étaient pas disponibles pour la mini-EDS 2019 de l'Éthiopie, donc l'EDS standard 2016 a été utilisée
**EDS la plus récente. Toutes les variables n'étaient pas disponibles pour la mini-EDS 2019 de l'Éthiopie, donc l'EDS standard 2016 a été utilisée

De bonnes performances dans les aspects clés des programmes de planification familiale, notamment en ce qui concerne la collecte et l’utilisation des données, sont associées à des augmentations du TPCm.

Pour mieux comprendre les facteurs susceptibles de favoriser ou d’entraver l’accès et l’utilisation accrus de la planification familiale dans les pays, nous avons analysé 17 mesures incluses dans l’Indice composite national de la planification familiale (ICNPF) pour 21 des 22 pays prioritaires (les scores de l’ICNPF du Bénin ont été exclus en raison de problèmes de qualité des données). L’ICNPF est un outil élaboré pour aider les décideurs à améliorer l’environnement favorable à la planification familiale, en se concentrant sur cinq aspects des programmes nationaux — stratégie, collecte et utilisation des données, qualité des soins, responsabilisation et équité — chacun des aspects comprenant un ensemble d’éléments par rapport auxquels les parties prenantes du pays se notent.c


Les scores de l’ICNPF sont recueillis auprès d’experts nationaux de la planification familiale à travers le gouvernement, le secteur privé, les organisations non gouvernementales et confessionnelles, les organisations universitaires et de recherche, les projets assistés par des donateurs et d’autres acteurs influents. Une analyse des scores de l’ICNPF à l’échelle mondiale démontre que des scores plus élevés sont associés à des TPCm plus élevés, et que cette relation entre la performance programmatique et les TPCm est plus solide dans les pays d’ASS (voir la Figure 6).

Figure 6. Les classements de l’Indice composite national de la planification familiale (ICNPF) et le TPCm sont associés dans le monde entier, en particulier en Afrique sub-saharienne

Source: Analyse par le PRB de l’indice composite national de la planification familiale (ICNPF) 2017.


Nous avons examiné les engagements du FP2020 et les scores de l’ICNPF en 2017. En outre, nous avons examiné l’évolution des scores entre 2014 et 2017 pour les indicateurs dont les données sont disponibles pour les deux années.


Dans toute l’Afrique subsaharienne, les pays ont largement réalisé des améliorations dans les aspects pour lesquels des engagements FP2020 ont été pris. Cependant, les engagements n’étaient pas exclusivement associés aux domaines de progrès des programmes. Nombre de pays ont obtenu des scores élevés dans l’aspect Stratégie, éventuellement du fait de la pression exercée pour l’élaboration des plans d’action nationaux budgétisés dans le cadre du partenariat FP2020. Cependant, plusieurs pays (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Madagascar, Mali, Niger, Sénégal et Togo) ont obtenu des scores faibles dans l’aspect Stratégie relatif au leadership de haut niveau et au soutien du programme de planification familiale.


Tandis que seulement la moitié des pays ont pris des engagements FP2020 concernant la Collecte et l’utilisation des données, la plupart des pays ont obtenu des scores élevés pour cet aspect. Mais les difficultés liées aux données persistent. En particulier, les pays obtiennent de mauvais résultats en ce qui concerne la collecte par le gouvernement de données auprès des prestataires du secteur privé, notamment sur la disponibilité de l’offre. Le Libéria est une exception : le gouvernement collecte et intègre les données sur les produits du secteur privé dans le système d’information de gestion logistique (SIGL) afin d’orienter les prévisions d’approvisionnement.


Les engagements et les scores en matière de qualité des soins varient selon les pays. Cependant, tous les pays, à l’exception du Burkina Faso et de la Tanzanie, ont enregistré des scores plus faibles en matière de qualité des soins tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Ce résultat mérite d’être approfondi afin d’évaluer dans quelle mesure il se vérifie entre les pays et à l’intérieur de ces pays (par exemple, les scores en termes de qualité des soins dans le secteur privé diffèrent-ils en milieu urbain ou rural et selon le type de prestataire du secteur privé ?). Alors que presque tous les pays se sont engagés à accroître la participation ou le partenariat du secteur privé, peu d’entre eux ont identifié des actions ou des données spécifiques nécessaires pour garantir des services de haute qualité dans les établissements privés. Le rapport du Malawi soumis au FP2020 relève que si la nécessité d’évaluer la qualité des soins dans le secteur privé est bien établie, les hôpitaux et pharmacies privés ne disposent d’aucun processus leur permettant de communiquer des statistiques sur les services au gouvernement.


Les engagements et les notes en matière de qualité des soins varient d'un pays à l'autre. Cependant, tous les pays, à l'exception du Burkina Faso et de la Tanzanie, ont enregistré des scores inférieurs en matière de qualité des soins dans le secteur privé par rapport au secteur public. Cette constatation mérite une enquête plus approfondie pour évaluer dans quelle mesure elle est vraie entre les pays et au sein des pays (par exemple, les scores de qualité des soins dans le secteur privé diffèrent-ils entre les milieux urbains et ruraux et selon le type de prestataire du secteur privé). Alors que presque tous les pays se sont engagés à accroître la participation ou le partenariat du secteur privé, peu de pays ont identifié des actions ou des données spécifiques nécessaires pour garantir des services de haute qualité dans les établissements privés. Le rapport du Malawi à FP2020 note que si la nécessité d'évaluer la qualité des soins dans le secteur privé est bien établie, les hôpitaux et les pharmacies privés ne disposent d'aucun processus pour communiquer les statistiques des services au gouvernement.


Certains pays ont identifié des mesures concrètes pour améliorer la qualité des soins dans le secteur privé. Après que le Service de santé du Ghana se soit engagé à inclure l’acétate de médroxyprogestérone dépôt sous-cutané (DMPA-SC, une méthode contraceptive auto-injectée) dans l’éventail des méthodes disponibles dans les établissements de santé, le gouvernement a soutenu des maîtres formateurs dans les secteurs public et privé pour former les prestataires sur les moyens de dispenser la méthode. La Guinée, le Kenya et le Libéria se sont engagés à investir dans le renforcement des capacités des prestataires dans les secteurs public et privé. Le Sénégal s’est engagé à réviser les lois régissant la prestation de services de planification familiale par les pharmaciens. Le Malawi, notamment, s’est engagé à élaborer des normes nationales de supervision qui incluent la responsabilisation des prestataires de services et des mesures de qualité des soins.


Si tous les pays se sont engagés à améliorer leur système logistique et à renforcer la formation des prestataires, les scores pour ces deux aspects varient considérablement, près de la moitié des pays obtenant un score inférieur à la moyenne pour chaque mesure. La mise à l’échelle des technologies numériques, telles que OpenLMIS, pourrait renforcer le SIGL et générer des gains de temps, financiers et en termes d’efficacité de gestion qui rationalisent les achats et réduisent les ruptures de stock de contraceptifs.


La plupart des pays ont obtenu des scores faibles ou en baisse pour la collecte de données sur le choix éclairé et la partialité des prestataires, ainsi que pour l’existence de systèmes de dialogue sur les services de planification familiale entre les clients et les prestataires de services de santé ou les responsables locaux. Par exemple, la RDC a indiqué que malgré l’absence d’un système formel de retour d’information, les commentaires des clients sont recueillis par le biais de boîtes à suggestions disponibles dans certains établissements. Le Ghana utilise également des boîtes à suggestions dans les établissements et met en œuvre des entretiens périodiques avec les clients à la sortie de l’établissement de santé et des enquêtes menées par le personnel des établissements de santé et les équipes de gestion sanitaire des districts et des régions. Le Togo mène une enquête annuelle sur la disponibilité des produits et services de planification familiale, ainsi que sur la satisfaction des clients à l’égard des services. Les résultats de l’enquête sont analysés et diffusés aux régions afin d’orienter l’élaboration et la mise en œuvre des plans de travail annuels. Dans le même ordre d’idées, les scores pour l’aspect Responsabilisation sont les plus faibles de façon générale. Il convient de noter que peu de pays signalent l’existence de structures permettant aux clients de signaler un refus de services ou de procéder à un examen régulier des programmes en cas de violation des droits ou des choix. La mise en place ou le renforcement de mécanismes formels visant à protéger le choix et à promouvoir le dialogue nécessitera une attention et des investissements spécifiques, qui devront être considérés comme prioritaires dans les stratégies nationales et infranationales. Les parties prenantes nationales font état de difficultés à financer les structures de responsabilisation lorsque les interventions d’offre de services sont déjà sous-financées. Dans ces environnements aux ressources limitées, les technologies numériques qui génèrent des gains de temps et financiers pourraient aider à créer de l’espace dans les budgets pour investissement dans les structures de responsabilisation essentielles. En outre, les approches numériques comme le modèle PartME, qui fonctionne à grande échelle au Ghana, pourraient être utilisées pour des cadres de responsabilisation rentables qui soutiennent le dialogue communauté avec les décideurs.


Dans l’aspect Équité, les scores des mécanismes de distribution basés dans la communauté (DBC) sont particulièrement révélateurs. Certes, presque tous les pays ont pris des engagements FP2020 liés à la mise en place ou à la mise à l’échelle de programmes de distribution basés dans la communauté, mais les scores pour cet aspect demeuraient souvent faibles ou stagnants, avec des scores élevés de plus de 65 points uniquement en Éthiopie, au Malawi et au Rwanda. Ces trois pays ont également obtenu des scores relativement élevés pour leurs systèmes logistiques, alors que la situation était contraire pour la Côte d’Ivoire, la RDC et le Sud-Soudan. Parmi les autres facteurs qui influencent l’efficacité des programmes de la DBC, il faut citer le manque de personnel (en partie dû à une rotation élevée), le besoin de personnel qualifié et les ressources limitées pour couvrir des zones géographiques étendues et souvent éloignées.


Pour mieux comprendre les facteurs programmatiques associés à la croissance du TPCm, nous avons classé les pays par étape de la courbe en S (voir la Figure 7).


Figure 7. Scores de l’ICNPF pour certains pays d’Afrique subsaharienne selon l’étape de la courbe en S, 2017

Passez la souris sur un pays pour voir ses performances pour certains éléments du ICNPF, soit pour tous les pays, soit pour ceux qui ont pris un engagement FP2020 lié à cet élément.


Version entièrement interactive disponible sur ordinateur

Voir les pays ayant pris des engagements
Stratégie

La stratégie prévoit les besoins en ressources

Soutien politique de haut niveau

Collecte et utilisation des données

Le gouvernement collecte des données sur les produits du secteur privé

Contrôle de la qualité des statistiques sur les services

Utilisation des données pour garantir un accès équitable

Systèmes d'archivage adéquats

Données utilisées pour l'amélioration des programmes

Qualité des soins

Indicateurs de qualité des soins dans la prestation de services du secteur privé

Structure de l'engagement communautaire en vue du suivi de la qualité

Données sur le choix éclairé et la partialité des prestataires collectées par le gouvernement

Chaîne d'approvisionnement solide

Supervision d'appui aux prestataires

Responsabilité

Mécanismes gouvernementaux en vue du suivi des refus de services ou des contraintes

Mécanismes au niveau de l'établissement de santé en vue du retour d'information des clients

Systèmes de dialogue entre les prestataires/décideurs et les communautés/clients

Équité

Distribution communautaire de contraceptifs pour les zones difficiles à atteindre

Accès aux contraceptifs réversibles à longue durée d'action (LARC)


Source: Indice composite national de la planification familiale (ICNPF) 2017.


Les pays à l’étape 1 de la courbe en S de la planification familiale ont obtenu des taux faibles pour la plupart des éléments de l’ICNPF en dehors de l’aspect Stratégie.


Les scores autour de la collecte et de l’utilisation des données étaient positivement associés à la croissance du TPCm.


Les pays de l’étape 1 ont obtenu des scores supérieurs à 50, les pays de l’étape 2 ont obtenu des scores compris entre 50 et 60 (à l’exception du Rwanda, très performant avec des scores supérieurs à 80), et les pays de l’étape 3 ont obtenu des scores supérieurs à 60. Les pays de l’étape 3 (Kenya et Malawi) et le Rwanda sont les seuls à avoir obtenu un score supérieur à la moyenne pour l’aspect « responsabilité ». Les 17 autres pays ont obtenu des scores inférieurs à la moyenne pour le point structures permettant de signaler les refus de services pour des raisons non médicales (telles que l’âge ou la situation matrimoniale). Certes, bien de pays ont élaboré des politiques contre le refus de service pour de tels motifs, mais ils pourraient manquer d’infrastructures pour soutenir la responsabilité.


L’orientation fondée sur les droits des programmes de planification familiale dans tous les pays d’ASS que nous avons examinée, même dans les pays ayant obtenu des scores comparativement élevés en matière de responsabilité, devrait être renforcée par des mécanismes de soutien aux politiques et aux programmes qui protègent le choix et l’équité. Les axes des politiques officielles pour documenter, rapporter et utiliser les informations sur les droits et le choix dans les programmes de planification familiale devraient être accompagnés d’initiatives de communication publique qui informent les communautés et les individus, ainsi que les prestataires de première ligne, que le choix du client constitue la pierre angulaire du programme de planification familiale et qui annoncent et encouragent le signalement confidentiel des problèmes ou des violations, y compris le refus de retirer des méthodes ou le refus de services basé sur l’âge ou le consentement du conjoint. Les outils numériques de signalement mis en évidence dans ce rapport pourraient servir de plateformes efficaces et confidentielles permettant aux clients de signaler des problèmes de service allant des limitations de choix (par exemple, le signalement d’un manque de disponibilité des méthodes préférées) aux expériences de discrimination ou de refus de services et aux violations des droits. Les prestataires pourraient également être encouragés à signaler les limitations structurelles à la fourniture de services axés sur le client et fondés sur les droits (par exemple, en documentant les cas où ils ne sont pas en mesure de fournir une méthode préférée à un client en raison d’un manque de fournitures ou de formation).

Les programmes de planification familiale pourraient être mieux évalués à l’aide des mesures axées sur la personne, malgré les limites des mesures disponibles.

Les faibles performances dans l’aspect Responsabilisation de l’ICNPF pourraient traduire, au moins en partie, l’accent mis par les programmes de planification familiale sur l’adoption de contraceptifs au niveau de la population plutôt que sur la fourniture de services axés sur la personne et fondés sur les droits. Les appels à réinventer cette approche de l’évaluation comparative du succès des programmes de planification familiale conduisent à la collecte et à l’analyse de paramètres nouveaux et/ou affinés qui mettent l’accent sur l’autonomie des clients et la qualité des soins. Cette réinvention englobe des efforts attendus depuis longtemps pour mieux définir et mesurer le « besoin » ou la « demande » des femmes en matière de planification familiale, en reconnaissant que l’intention d’éviter une grossesse n’est pas synonyme de volonté d’utiliser une méthode de contraception.5


Même si les efforts visant à intégrer systématiquement des mesures plus axées sur la personne dans la collecte de données représentatives au niveau national se poursuivent, les décideurs pourraient agir immédiatement pour s’assurer que des mesures autres que le TPCm sont utilisées pour évaluer la robustesse des programmes de planification familiale. Le Tableau 3 présente les mesures de l’EDS concernant la demande de planification familiale satisfaite par n’importe quelle méthode contraceptive, la proportion de femmes ayant été conseillées sur les effets secondaires potentiels lorsqu’elles ont eu accès à leur méthode actuelle, et la proportion de femmes — parmi celles qui ne désirent plus d’enfants — qui n’ont pas l’intention d’utiliser de contraceptifs.


Ces mesures présentent des limites importantes. La mesure demande satisfaite fait sans doute l’amalgame entre le désir d’éviter une grossesse et le désir d’utiliser une méthode contraceptive. Le conseil sur les effets secondaires ne constitue qu’une des caractéristiques d’un conseil de qualité, axé sur le client. L’absence d’intention d’utiliser une méthode de planification familiale chez les femmes qui ne souhaitent pas être enceintes pourrait être le signe que les femmes exercent leur droit de ne pas utiliser de contraceptifs, quelles que soient leurs intentions de grossesse, ou le signe d’une contrainte en matière de procréation de la part du partenaire, des beaux-parents ou d’autres personnes. Quoi qu’il en soit, ces paramètres, parmi d’autres, pourraient contribuer à recadrer la conceptualisation des progrès des programmes en vue d’une meilleure réponse aux besoins et préférences en matière de procréation, personnels et professionnels des clients de la planification familiale.

Tableau 3. Demande de planification familiale satisfaite, conseil sur les effets secondaires et intention de ne pas recourir à la planification familiale, selon l’étape de la courbe en S

Étape de la courbe en S EDS Pays Demande satisfaite (toutes les méthodes, toutes les femmes)* Informée des effets secondaires (toutes les utilisatrices)* Aucune intention d'utiliser la contraception (toutes femmes ne voulant plus d'enfants)**
Étape 1 — Faible prévalence
2018 Bénin 36% 62% 54%
2018 Guinée 40% 59% 71%
2017-18 Nigéria 49% 74% 55%
Étape 2 — Transition d’une prévalence faible à une prévalence élevée 2013-14 Burkina Faso 43% 74% 45%
2018 Cote d'Ivoire 46% 45% 50%
2011-12 Éthiopie 63% 46% 42%
2013-14 Ghana 52% 67% 50%
2019-20 Liberia 50% 69% 44%
2019 Madagascar 67% 61% 38%
2010 Mali 43% 68% 53%
2014 Mozambique 37% 62% 48%
2011 Niger 47% 44% 60%
2018 Ouganda 60% 67% 32%
2012 RDC 46% 60% 47%
2015 Rwanda 81% 61% 22%
2016 Sénégal 56% 86% 40%
2008-09 Tanzanie 66% 62% 32%
2016 Togo 43% 80% 46%
2019-20 Zambie 69% 82% 32%
Étape 3 — Prévalence élevée
2014 Kenya 77% 60% 24%
2015-16 Malawi 75% 78% 21%

Source: Les enquêtes démographiques et de santé.

La pandémie de COVID-19 a révélé des facteurs qui renforcent la résilience des programmes aux chocs et a renforcé l’importance des investissements dans les systèmes de données nationaux.

La pandémie de COVID-19 constitue le potentiel élément perturbateur majeur des programmes de planification familiale depuis le dernier bilan. Au début de la pandémie, en mars 2020, de nombreux experts ont prédit une stagnation des progrès des programmes de planification familiale, notamment une baisse substantielle de l’utilisation des contraceptifs et une hausse des besoins non satisfaits et des grossesses non désirées.6


L’analyse des perturbations liées à la pandémie dans les programmes de planification familiale s’est avérée difficile, car les pays ont eu du mal à effectuer la collecte de données (notamment pour l’EDS). Les données collectées par le biais des STIM nationaux sont devenues une source d’information précoce essentielle sur les perturbations potentielles. En mars 2021, les conclusions d’une réunion examinant les données STIM de plusieurs pays ont indiqué que, dans la plupart des cas, les services de planification familiale ont connu une brève période de perturbation aiguë mais se sont rapidement rétablis. Le moment, la vitesse et l’ampleur de cette reprise varient, avec des perturbations qui persistent ou se reproduisent dans certains pays, comme le Niger, sur plusieurs cycles.


Les nouvelles données sur les perturbations liées aux pandémies confirment largement ces premières conclusions. Par exemple, une analyse des données d’enquêtes menées dans six pays d’ASS (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, RDC, Kenya, Nigéria et Ouganda) entre juin 2020 et février 2021 confirment que les perturbations ont été largement temporaires et bien inférieures aux estimations initiales. Cependant, la pandémie en cours pourrait entraîner de futures perturbations, qu’elles soient directement induites par la pandémie ou indirectement par les déficits qui en résultent dans le financement national de la planification familiale. Par ailleurs, la pandémie a également ouvert une fenêtre pour l’innovation, notamment l’adoption accélérée des technologies numériques dans les programmes de planification familiale, ce qui pourrait avoir contribué à la résilience de ces programmes. Des adaptations réussies — notamment la formation virtuelle des prestataires, les marchés en ligne en appui à l’auto-administration des soins par les clients, places de marché en ligne soutenant les soins personnels des clients, et les approches de télésanté pour la prestation de services de planification familiale―pourraient renforcer l’impact et l’efficacité des programmes au-delà de la pandémie.


Si les perturbations dans l’offre de services ont été plus limitées que les craintes initiales, les perturbations dans la collecte de données ont été importantes et se poursuivent alors que la pandémie entre dans sa troisième année. La pandémie a interrompu les nouvelles EDS dans le monde entier pour des raisons de santé et de sécurité. D’autres enquêtes ont été interrompues ou réalisées avec des échantillons limités et potentiellement biaisés (comme les enquêtes réalisées par téléphone, susceptibles de toucher de manière disproportionnée les femmes ayant des revenus plus élevés).


Ces perturbations ont attiré l’attention sur l’importance des systèmes de collecte de données nationaux solides, en particulier des STIM, qui résistent aux chocs frappant le système de santé.


Si les limites des données STIM sont bien connues — notamment les problèmes de qualité, d’exactitude et de fragmentation des données — les résultats des analyses des données STIM pendant la pandémie sont de plus en plus vérifiés par les conclusions des enquêtes. Les pays sont à l’avant-garde des efforts visant à relever les défis du STIM, et ces efforts devraient être accompagnés d’un engagement et d’un investissement de la part de la communauté des donateurs.

Le financement de la planification familiale pourrait être vulnérable à l’aube de la prochaine décennie.

Au moment de la rédaction du dernier rapport, le financement des donateurs en faveur la planification familiale avait augmenté régulièrement entre 2008 et 2014. Si l’USAID est resté le plus grand donateur bilatéral en termes d’aide à la planification familiale dans les pays à revenu faible et moyen, les gouvernements du Royaume-Uni et de la France ont augmenté leur part dans cet espace.


Au cours des années intermédiaires, les dépenses de ressources nationales en faveur de la planification familiale semblent aaugmenter, bien que les raffinements dans le suivi de ces dépenses limitent la mesure dans laquelle les changements dans le temps pourraient être clairement évalués. Au cours de la même période, les engagements des donateurs (y compris les engagements bilatéraux, multilatéraux et privés) en faveur de l’aide à la planification familiale en ASS ont stagné (voir Figure 8).

Figure 8. Engagements officiels des donateurs en faveur de la planification familiale et de la santé reproductive en Afrique subsaharienne, 2010-2019 (en millions de dollars US)


Source: Organisation de coopération et de développement économiques, , QWIDS (Query Wizard for International Development Statistics), données consultées le 17 mars 2022.


Une analyse de la Kaiser Family Foundation de 2020 sur le financement des donateurs bilatéraux parmi les 10 principaux donateurs montre des baisses continues à partir de cette année-là. Le Royaume-Uni est en grande partie à l’origine des baisses de l’aide bilatérale en raison des restrictions liées à la pandémie dans son économie globale.


Les investissements dans la mobilisation des ressources nationales, menés par les décideurs politiques et les acteurs de la société civile dans les pays d’ASS, ont généré des engagements financiers nouveaux ou accrus en faveur de la planification familiale. Cependant, le maintien des engagements financiers des donateurs et des pays au cours de la prochaine décennie pourrait s’avérer difficile car les effets de la pandémie continuent d’avoir une incidence sur les économies nationales. Dans ce contexte, il est essentiel pour les programmes de planification familiale d’identifier et d’intégrer des approches qui augmentent l’efficacité de la mise en œuvre, y compris la mise à l’échelle de solutions numériques éprouvées.