En juillet 2022, la communauté mondiale de la planification familiale célébrera le dixième anniversaire du Sommet de Londres sur la planification familiale et le lancement du partenariat Family Planning 2020 (FP2020). Au cours de la dernière décennie, des augmentations remarquables ont été observées concernant l’accès et le recours à la planification familiale à travers l’Afrique subsaharienne (ASS), les progrès mondiaux les plus importants en matière de prévalence contraceptive étant concentrés dans cette région.1 Malgré les craintes initiales que la pandémie de COVID-19 n’entrave ou n’inverse les progrès, les données probantes montrent que les programmes de planification familiale à travers l’ASS ont résisté aux perturbations de la pandémie.2


Au moment où la communauté de la planification familiale se mobilise autour du lancement du partenariat FP2030, il est important de reconnaître que la population des femmes en âge de procréer en ASS a augmenté de 66 millions au cours de la dernière décennie et devrait continuer à croître au cours de la prochaine décennie. Faire progresser les programmes de planification familiale axés sur la personne et fondés sur les droits, qui répondent aux besoins et aux préférences des femmes et des couples de la région en matière de procréation nécessitera une adaptabilité continue, de l’innovation, de la résilience et un engagement à garantir des services équitables et de haute qualité, caractérisés par une plus grande responsabilisation et un leadership local.


Ce rapport examine la situation des programmes de planification familiale dans 22 pays d’ASS au cours des cinq dernières années, depuis la publication en 2016 de Favoriser la croissance économique, l’équité et la résilience en Afrique subsaharienne : Le rôle de la planification familiale.3 Les pays sélectionnés sont ceux qui ont été principalement identifiés par l’USAID comme étant des pays prioritaires en matière de planification familiale en Afrique, ainsi que plusieurs pays du partenariat de Ouagadougou. Nous nous appuyons sur les thèmes explorés dans le rapport de 2016 et les généralisons afin de mieux comprendre les progrès et les défis qui pourraient façonner la trajectoire de la planification familiale et du développement inclusif dans la région au cours de la décennie à venir. Le présent rapport complète les analyses publiées dans le cadre des partenariats mondiaux FP2020 et FP2030, comme les rapports de progrès annuels et le Rapport de mesure 2021, ainsi que les ressources orientant les investissements des programmes de l’USAID, comme les Pratiques à haut impact en matière de planification familiale.


Les points clés à retenir de notre rapport sont les suivants :

  • L’utilisation des contraceptifs modernes augmente dans toute l’ASS. La plupart des pays prioritaires de l’USAID ont atteint un stade où une croissance accélérée de l’utilisation des contraceptifs est possible si les décideurs s’engagent dans des investissements programmatiques stratégiques.
  • Les pays présentant des taux de prévalence de la contraception moderne (TPCm) élevés et/ou en augmentation ont réalisé des investissements programmatiques solides dans la collecte et l’utilisation des données, ce qui suggère le rôle essentiel que jouent les données dans les programmes soutenant l’accès à la planification familiale.
  • L’impact de la pandémie de COVID-19 sur la planification familiale ne semble pas être aussi grave qu’on le craignait à l’origine. La pandémie a souligné l’importance d’une collecte de données opportune et de systèmes de gestion résistants aux chocs.
  • Dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, la baisse de la fécondité consécutive à la croissance du TPCm reste inférieure aux tendances historiques observées dans d’autres régions du monde, situation qui s’explique en grande partie par le recours à la planification familiale pour espacer les naissances plutôt que pour les limiter. L’évolution vers la limitation des naissances est certes en cours, mais les décideurs politiques devraient examiner attentivement les hypothèses qui sous-tendent leurs projections démographiques — souvent basées sur les tendances mondiales — ainsi que les implications des demandes croissantes et variées de la planification familiale sur les systèmes de santé et les infrastructures sociales, en particulier l’éducation, la formation et l’emploi.
  • Les perturbations majeures de l’éducation pendant la pandémie, en particulier pour les filles, et les taux élevés de grossesses chez les adolescentes qui s’en sont suivis soulignent l’importance et l’urgence d’une collaboration entre les secteurs de la santé et de l’éducation pour atténuer les effets sur le bien-être des filles.
  • Les augmentations du TPCm ne sont pas seulement dues aux améliorations de la situation économique des femmes mais aussi aux facteurs comme les efforts des programmes de planification familiale.
  • Les différences dans la structure par âge de la population constituent un facteur important des tendances entre les pays en matière d’inégalité économique dans la région. Si les tendances actuelles de la fécondité se poursuivent ou s’accélèrent, l’évolution de la structure par âge peuvent apporter une contribution à une convergence économique positive, dans laquelle les pays deviennent plus égaux sur le plan économique au cours des deux prochaines décennies.
  • Dans le même temps, les différences de taille des familles entre les franges les plus riches et les plus pauvres de la population contribuent à l’inégalité des ressources entre les enfants au sein des pays ce qui ralentit les progrès de la prochaine génération vers l’égalité des chances.
  • Il est urgent de donner la priorité à des programmes de planification familiale plus équitables, fondés sur des données et axés sur les personnes, qui répondent aux besoins et aux préférences des individus.
  • Il faudrait améliorer l’efficacité des programmes de planification familiale afin d’optimiser les ressources limitées. La création d’une culture d’utilisation continue des données pour la prise de décision et la mise à l’échelle de solutions numériques efficaces pourraient contribuer à une hiérarchisation et à une mise en œuvre plus efficaces des programmes.

Le présent rapport comprend six sections.

  • La section 1 présente le rapport et résume les points clés à retenir.
  • La section 2 explore les progrès des programmes de planification familiale, en particulier la croissance du TPCm en ASS depuis le rapport de 2016.
  • La section 3 explore les moyens par lesquels les tendances du TPCm pourraient influencer les tendances de la fécondité, en mettant en évidence des schémas propres à l’ASS.
  • La section 4 analyse dans quelle mesure les programmes de planification familiale ont atteint les femmes, indépendamment de leur situation économique, tout en enrichissant notre compréhension de la question de savoir si la pauvreté affecte le recours à la planification familiale.
  • La section 5 complète l’analyse de la pauvreté en examinant la relation entre la planification familiale, les tendances de la fécondité et les inégalités socio-économiques entre les pays de l’ASS et au sein de ceux-ci.
  • La section 6 propose aux décideurs du domaine de la planification familiale des orientations futures à privilégier au cours de la prochaine décennie.